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Interludes
29 mai 2008

Pantins

     Là, pantelant au bout de fils sortis de nulle part, j'attends patiemment le début du spectacle final. La foule ne m'acclame pas. Il est loin le chahut du précédent, parti avec lui. Imitation grandeur nature d'une apogée éphémère qui, dans les souvenirs, perdure.
     Les preuves se font attendre. Pourtant elles sont déja chéries par ma gloire et choyées dans mes entrailles. La vigueur ne me rejoindra pas. Elle n'aura pas eu la patience d'une vie pour me revenir. La, au sommet de la falaise d'où je devrai sauter pour leur plaisir, je suis seul. Complet.
     Je ne peux plus attendre maintenant, mon public ne veut plus. Las, sur cette scène d'or et de raison, j'aguiche mes juges et avocats. Je me trouve jeté en pâture à ces mouches trop impatientes d'être à ma place. La salle gronde à présent, ses ronflements viscéraux me pendent au nez dans un écho biscornu. Ce chant social me lacère les oreilles à coups de sabres aiguisés sur la fortune.
     Ici, moi, gibier de vies en jachères, je suis perdu à toujours au pied de cette potence vitale. Devant ce spectacle de babines s'alléchant, je prends mon désespoir par les cornes et lui emprunte un reste d'énergie.

     Le spectacle final doit maintenant commencer.


Matthieu Brise, Le 28 Mai 2008.

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Commentaires
S
Un texte assez simple, court, mais parlant :) je crois que le pari est réussi ^^
O
Vraiment bien ce texte vieu.<br /> J'ai beaucoup apprécié l'ambiance, la réfléxion.<br /> <br /> Dommage juse pour le "à toujours" trop facile...<br /> <br /> J'avais utilisé "jachère" y a pas longtemps, c'est un mot qui bizarrement est tout poétique.<br /> <br /> Flash,<br /> <br /> Bref<br /> <br /> ...<br /> <br /> Nice!
Interludes
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